À l’occasion de la 25ème édition du Festival de comédie de l’Alpe d’Huez, une équipe d’Extérieur Nuit a pu assister durant une semaine aux projections des films en compétition.

Entre ski et cinéma, au milieu des montagnes enneigées iséroises, nous avons pu découvrir une belle sélection de comédies qui sortiront courant 2022, dans l’ambiance chaleureuse de ce festival hivernal. Voici nos coups de cœur, et nos déceptions.

Bénéficiant de pass étudiants, nous avions accès à tous les films dans les trois salles du Festival : la grande salle du Palais, la salle Philippe de Broca et le cinéma du Signal. Privilège aux projections dans la grande salle du palais, où se tenaient toutes les premières avec équipes du film.

L’aventure a donc débuté le lundi 17 janvier, lors de la cérémonie d’ouverture menée par Christophe Beaugrand : professionnalisme et ambiance décontractée pour découvrir les bandes annonces des films et courts-métrages en compétition. La soirée s’est terminée par une diffusion du film d’ouverture, cette année, c’était « l’enfant » de l’Alpe d’Huez qui était à l’honneur : Philippe Lacheau, avec Super héros malgré lui. Avis divergents au sein de l’équipe :  certains l’ont trouvé léger et simplement drôle ; d’autres l’ont jugé particulièrement mauvais. Malgré une réalisation puissante, notamment grâce à des partenaires financiers solides, le rendu semble bâclé, marqué par un jeu d’acteur élémentaire, un humour hypersexualisé désuet et un irrespect profond pour certaines tragédies qui nous ont marqué ces dernières années. Peut-on rire de tout ? Certainement, mais pas avec Philippe Lacheau. Une déception de plus donc pour ce réalisateur, qui semble avoir épuisé son potentiel purement comique en ne l’ayant pas renouvelé depuis Babysitting.

Avec Hommes au bord de la crise de nerfs, Audrey Dana nous a bien davantage conquis. Voilà un film comique mais touchant, transpirant d’authenticité et de sincérité. Nous ne nous doutons pas que ce tournage dans le Vercors a été une véritable tranche de rire pour ce casting 5 étoiles. François-Xavier Demaison, Ramzy, Thierry Lhermitte et Laurent Stocker sont solides ; Mickaël Gregorio est une véritable révélation pour son premier vrai rôle au cinéma ; Max Baissette se promet une belle carrière ; Pascal Demolon est au sommet de son art. Une comédie qui donne envie d’aller mieux, féministe mais centrée sur les hommes et une réalisation écologique. Chapeau !

Voilà ce qui est essentiel pour une comédie en tant que spectateur : pouvoir rire des choses simples, sans artifices. C’est aussi ce que nous a livré Au revoir le bonheur, le second film en compétition au Festival de Ken Scott, avec à l’arrivée quatre prix d’interprétations masculines décernés à ces acteurs. Mention spéciale pour Antoine Bertrand qui nous offre ici un personnage si attachant et juste, qu’il nous persuade de son potentiel en tant que grand acteur de la scène francophone. Malgré quelques longueurs, on aime à voir ce beau film sur la famille, qui touche parfois plus au drame qu’à la comédie. On regrette cependant le rôle de l’écrivain en mal d’inspiration, personnage que l’on retrouve bien trop souvent au cinéma, et les storylines forcées. Une « happy ending story » digne d’une comédie certes, mais qui ne nous permet pas d’y repenser, une fin plus brute et moins romancée aurait aidé à ce dessein.

En ayant convaincu le jury en obtenant le Grand Prix OCS, Jérôme Commandeur séduit aussi le public et l’équipe avec Irréductible. Enfin une comédie qui ne cherche pas le rire à l’excès, alimentée par un scénario bien mené qui traite des problématiques sociétales actuelles sans tomber dans la caricature. Notre coup de cœur de ce festival.

Nous avons avec grand plaisir retrouvé notre ancien parrain de notre festival de courts Pablo Pauly dans On sourit pour la photo de François Uzan en découvrant un film encore une fois centré sur la famille, vrai et dépaysant. Une véritable escapade en Grèce avec des acteurs éloquents : Jacques Gamblin, Pascale Arbillot, Pablo Pauly et Agnès Hurstel remportent d’ailleurs grâce à leur performance le prix spécial du jury.

Quel début d’année pour Audrey Lamy, qui remporte son premier prix d’interprétation féminine avec La Brigade de Louis-Julien Petit, au côté du grand François Cluzet. Le réalisateur revient avec une comédie sociale porteuse d’un message fort sur les conditions de vie de jeunes migrants. Nous redoutons seulement le scénario relativement basique, qui donne une dimension contrefaite à ce film somme toute émouvant et salutaire.

La cérémonie de clôture, en présence des jurés Joséphine Japy, Mathilde Seigner et Ruben Alves et en distanciel pour la présidente Michèle Laroque et l’humoriste Malik Benthala, s’est déroulée dans l’émotion et la bienveillance que prône le festival. La scène de la grande salle du palais, avec ses faux glaçons et ses canapés en fausse fourrure, s’est illuminée une dernière fois cette année pour la remise des différents prix en compétition. Charlotte Gabris remporte le prix du meilleur court-métrage avec Celle qui n’avait jamais vu Friends ; nous avions personnellement adoré Erratum. Le prix du public revient à Jumeaux mais pas trop d’Olivier Ducray et Wilfried Meance avec Ahmed Sylla. Pour la 25ème, les remerciements ont abondé à l’égard de Fréderic Cassoly et Clément Lemoine qui sont les heureux organisateurs de cet événement. Vacances bien méritées pour eux, qui ont réussi une année de plus à conquérir les participants avec un Festival sans encombres. Pensée particulière pour notre regretté Gaspard Ulliel, à qui le festival et les artistes ont su rendre hommage dans cette atmosphère montagnarde si révélatrice.

Un Festival professionnel mais convivial, ouvert au public et accessible aux jeunes, à la programmation soignée et bien organisée ; nous avons particulièrement apprécié les diffusions des courts avant chaque film, qui nous rappelle les séances de cinéma d’antan, une belle façon de promouvoir l’art du court-métrage avec lequel les spectateurs sont moins familiers.

À l’année prochaine !

Retrouvez ci-dessous le lien vers nos critiques :

Les Critiques de l’Alpe d’Huez 2022

 

Laurene Derveaux

Categories: Carnet de voyage