Synopsis : 

Après avoir repris la ferme familiale, Pierre, père de famille, se voit contraint de faire face aux dures réalités du métier d’agriculteur avec notamment le passage du statut de fermier à celui d’industriel au cours des années 80… Sombrant petit à petit dans une profonde dépression, Pierre va tout faire pour lutter contre les difficultés du métier qui bouleversent son quotidien.

Entretien avec Edouard Bergeon et Guillaume Canet

Ce film relate la jeunesse du réalisateur Edouard Bergeon (interprété par Anthony Bajon), qui connut les difficultés inhérentes à la vie agricole et qui vit son père Pierre tenter de s’en sortir, en vain. C’est la raison pour laquelle le réalisateur ainsi que Guillaume Canet ont souhaité réaliser un film coup de poing, réaliste, politique.

D’ailleurs, le réalisateur avait auparavant exploré cette thématique en réalisant le documentaire Les fils de la Terre, paru en 2012. Ce documentaire n’était pas autant personnel, puisqu’il montrait les difficultés d’une famille d’agriculteurs, dont le père tenta de se suicider. C’est après un travail de résilience qu’Edouard Bergeon décida de parler de son expérience.

L’équipe du film s’est montrée particulièrement touchée par ces thématiques lors de l’entretien. D’ailleurs, Guillaume Canet avait été profondément boulversé par Les fils de la Terre, le documentaire d’Edouard Bergeon, c’est la raison pour laquelle il a désiré incarner le rôle de Pierre, le père d’Edouard. Ils souhaitent donc que ce film soit plus qu’un film, qu’il déclenche une véritable prise de conscience quant aux difficultées des agriculteurs aujourd’hui en France. Et elles sont multiples : sur-endettement, insécurité salariale, pression financière, surmenage, éléments imprévisibles, dépendance des prix de vente selon le prix du marché, travail à perte… Le chiffre clef : en 2019, en France, un agriculteur se donne la mort chaque jour. Ainsi, il est d’autant plus fort et important que des personnalités comme Guillaume Canet et Édouard Bergeon s’engagent dans une telle cause. L’objectif est alors de faire comprendre aux jeunes qu’il y a une révolution à mettre en place et qu’il faut produire différement, changer ses habitudes.

Ainsi donc au-delà d’être une histoire captivante, le film soulève un véritable problème de notre société actuelle.

L’avis d’Extérieur Nuit : 

Pour Extérieur Nuit, Au Nom de la Terre est un film à voir, pour de multiples raisons.

Tout d’abord parce que le film est criant de réalisme. Que ce soit à travers les détails (on pense aux casquettes John Deer et New Holland ou encore à la gourmette du fils…) ou à travers les personnages…

Il y a tout d’abord le père de famille, incarné par Guillaume Canet, qui investit avec entêtement jusqu’à crouler sous les dettes, pris par le cercle vicieux des banques et des grosses productions (telles Poulavie) promettant monts et merveilles. Épuisé, l’agriculteur n’est plus fier de ce qu’il produit mais ne peut s’en empêcher, comme le relève Guillaume Canet lui-même :  « Je suis un entrepreneur, j’investis ».

Il y a le fils, interprété par Anthony Bajon qui malgré lui est dans la même dynamique que son père, persuadé qu’il est destiné à reprendre l’exploitation.

Il y a le père de Pierre qui, témoin d’une époque où l’agriculture n’était pas encore industrielle, ne comprend pas les nouveaux enjeux de l’agriculture française.

Et puis enfin il y a la femme de l’agriculteur interprétée par la talentueuse Veerle Baetens sans qui la famille ne serait pas : elle est à la fois épouse, mère, comptable… « Madame porte la culotte » malgré qu’elle ne soit qu’au second plan.

Et tout cela sans évoquer la qualité cinématographique du film en lui-même avec une touche de western dans les paysages, le choix de cette ferme en particulier, la musique, l’univers du père cowboy à Wyoming…. Un film actuel et engagé qui l’on espère, fera changer les choses.

Jeanne Baligand, Camille Clot et Marouchka Alexandroff