Canal + a pris le pari d’adapter en série éponyme la saga littéraire de Virginie Despentes.
Une adaptation qui nous replonge dans les souvenirs du protagoniste Vernon. Incarné par Romain Duris, symbole du péril jeune en référence au film de Kaplisch qui le propulsera comme le représentant d’une jeunesse écorchée, sacrifiée sur l’autel des idéaux. Vernon c’est un peu Tomasi (personnage de Romain Duris dans Le Péril jeune) avec 20 ans de plus. Disquaire populaire des années 90, il fut l’épicentre de soirées où foisonnait un esprit libertaire et libertin. Dans une atmosphère rock, chaque aficionados jouaient leurs partitions, de l’échanges d’idées aux échanges buccaux, des débats animés aux ébats sexuels, ce lieu offrait une anecdote, un souvenir marquant pour chaque partie prenante.
Adulé, considéré comme le gardien du temple d’un passé glorieux, Vernon, est aujourd’hui un roi déchu qui se retrouve à la rue. Il va se replonger dans ses souvenirs pour retrouver ses anciens compagnons de nuit. Un véritable chemin de croix dans Paris, pour ce looser magnifique. Un Peter Pan des temps modernes qui associe chaque visage avec une musique, un moyen poétique et séduisant de ne pas oublier. Trimbalant ce qui l’a de plus cher sur son dos, il compte gratter des nuits chez ses anciens amis comme on gratte un ticket de loto, sans rien attendre en retour. Cet écorché de l’amour, a trouvé dans l’amitié une valeur refuge.
Sa première rencontre sera une ancienne gloire du rock. Nourrit par le regret et le chagrin il lui livrera ses dernières confidences sur cassette vidéo juste avant de se suicider. Ce suicide sera le point de départ d’une enquête menée par un puissant producteur de cinéma par peur d’une possible révélation sur son compte. L’intrigue balancera entre les péripéties nostalgiques de Vernon Subutex et une enquête menée de manière pragmatique par un producteur souhaitant vieillir en paix.
Deux histoires qui s’entremêleront, entre un vagabondage bohème et faux polar, la réalisatrice Cathy Verney, a choisi de conter cette saga littéraire en 9 épisodes de 35 minutes, bien trop court pour l’attache du spectateur au personnage principal. Sans continuité, la série s’inscrit dans un esprit éphémère, comme une première dose d’émotions que l’on prend pour aller mieux mais qu’on ne reprendrait pas pour ne plus aller mal.
Alban-Luc Audebrand