Le trash, le gore et la violence sont des thématiques fréquentes du cinéma présentes de manière plus ou moins fortes dans nombre de films acclamés par la critique et le public.  Irréversible, Nymphoaniac, Funny Games ou même Orange Mécanique, pour ne citer qu’eux, ont tous choqué l’audience à leur sortie. Pourtant chacun de ces films ne se limitaient pas à de la violence physique ou morale gratuite : Orange Mécanique explorait les dangers de la manipulation par la psychologie et du conditionnement de la société par les institutions alors que Funny Games explosait les codes du cinéma et jouait sur le rôle du spectateur. Ici le trash n’est pas une fin en soi et ces œuvres véhiculent davantage que la seule volonté de heurter le spectateur. Pieles lui ne boxe pas dans la même catégorie.

Pieles sorti en 2017 et réalisé par Eduardo Casanova est une adaptation du bien nommé Eat my Shit court métrage du même réalisateur. Le film suit le quotidien de personnes atteintes de déformations physiques ou mentales ; il est divisé en plusieurs segments : un homme qui souhaite devenir une sirène (Guille) ; une prostituée sans yeux (Laura) ; un couple formé d’une femme qui a la moitié du visage qui tombe et d’un homme dont le visage est totalement difforme ; et bien sûr une femme qui a l’anus à la place de la bouche et inversement (Samantha).

Vous l’aurez compris le film ne fait pas dans la finesse et la première scène du film annonce directement la couleur : une scène de dialogue entre un pédophile et une femme obèse nue. L’esthétique, la bande son, les personnages, réalisation ; tout est choisi de sorte que vous soyez constamment gêné, consterné mais aussi happé. Pieles sort de l’ordinaire c’est certain mais est-ce suffisant pour en faire un bon film ? Si on enlève l’esthétique du film que reste t-il ?

Pour faire simple : pas grand-chose. Le message pourrait être facilement résumé à : ne pas juger sur le physique et laisser les autres faire ce qu’ils veulent. Pas si subversif comme propos surtout par rapport à ce que le film choisit de montrer. Finalement le fond dessert la forme du film qui parait juste grotesque et trash gratuitement surtout pour le personnage de Samantha (anus). Et pourtant le film a des moments de grâce et tout le segment de l’homme sirène sauve quasiment le reste du film. En 20 minutes Casanova traite intelligemment l’abandon familiale, la déviance mentale et le suicide à travers un même personnage et bizarrement c’est le segment le moins dur visuellement.

Mais finalement le plus rageant ce n’est peut-être pas le film en lui-même mais sa réception par le public et la critique. Au final Pieles est dans l’ensemble bien noté et pire encore il a été nominé au festival de Berlin. C’est à croire qu’on peut filmer n’importe quoi du moment que c’est beau et original.

Le visionnage du film est plus une perte de temps qu’autre chose mais je préfère prévenir les plus braves qui voudront quand même regarder le film que celui-ci se termine sur une scène d’anulingus.

Voilà bisous.

Paul Panfili

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