The Lighthouse : Bien plus que deux hommes confinés dans un phare
The Lighthouse est la deuxième grosse production du jeune réalisateur américain Robert Eggers. Après le succès de The Witch (2015), il tourne The Lighthouse avec Willem Dafoe et Robert Pattinson en 2018. Le film fait sa première au Festival de Cannes en 2019 et est nominé pour l’Oscar de la meilleure photographie quelques semaines plus tard.
Avec un budget de 4 millions de dollars, Eggers a construit un vrai phare sur une petite île déserte qui sera l’unique lieu de tournage pendant trois mois. Ainsi, le réalisateur a pu avoir des décors qui correspondaient parfaitement à sa vision.
Le synopsis semble très simple et n’annonce absolument pas l’action du film. En effet, il s’agirait de deux gardiens d’un phare qui doivent passer un mois ensemble sur une île au milieu de l’océan. Mais très vite, l’histoire se complexifie par une relation tordue entre les deux personnages. Il est très difficile d’attribuer un genre au film. Il commence comme un drame mais devient vite un thriller angoissant avant de prendre une dimension fantastique et un fond de comédie noire. Cela amène à une expérience complètement surréaliste, sans pour autant se perdre dans la folie. Au cours du film, on assiste à une évolution linéaire de la relation des personnages dans un cadre temporel labyrinthique. Cela permet un effet crescendo qui nous garde scotché à l’écran tout le long.
De plus, The Lighthouse est un réel film d’horreur par moment. L’expérience est plus immersive dans une pièce noire. Le film a été tourné avec de vieux objectifs qui laissent un effet de vignette autour de l’écran en donnant l’impression d’être dans le décor avec les personnages. De même, le film est tourné sur 35mm noir et blanc au format 1.19:1, un rendu presque carré qui nous fait ressentir l’enfermement des personnes. Le noir et blanc est menaçant par ses contrastes extrêmes et rappelle la photographie du XIXème siècle.
La musique du compositeur Mark Korven est pesante et omniprésente. Elle enrichit l’atmosphère sombre et inquiétante du décor par ses sons qui brouillent la frontière entre musique et bruits naturels.
Les effets spéciaux sont rares, ce qui leur donne un impact d’autant plus surprenant et terrifiant. C’est surtout l’horreur psychologique qui domine dans ce film. Cela est souligné par une cinématographie réfléchie.Les mouvements de caméra osés nous mettent dans la peau des personnages.
Par ailleurs, le film fonctionne si bien grâce aux performances sensationnelles de Robert Pattinson et Willem Dafoe. Pattinson était passionné par le projet : c’est lui qui est venu vers Robert Eggers pour le rôle. Tous les deux avaient la même vision du résultat pendant le tournage, ainsi Pattinson comprend parfaitement son rôle et l’interprète à merveille. Le choix de Willem Dafoe, pour le rôle du seul autre personnage du film, est parfait. Dafoe joue un vieil homme exalté, tempéré et énigmatique. Sa voix enrouée couplée avec l’accent d’un marin américain portent son jeu à la perfection. À plusieurs reprises, on assiste à ses monologues captivants, tournés en plan séquence. On ressent le dévouement des deux acteurs qui se perdent dans leurs personnages.
Pour conclure, en plus de ses aspects techniques parfaitement réussis par le réalisateur, The Lighthouse est parsemé de métaphores et d’allusions à la philosophie de la psychanalyse et à la mythologie. Je ne suis pas philosophe mais peut-être que vous l’êtes, donc allez découvrir The Lighthouse disponible sur Canal+.
Finn Vorneweg