Synopsis :

Matthias et Maxime c’est l’histoire de deux amis d’enfance qui se retrouvent à s’embrasser pour les besoins d’un film amateur. Quelque chose d’a priori anodin qui entraîne cependant les deux protagonistes dans une période de doute, et de remise en question sur eux-mêmes ainsi que sur leur relation.

Entretien avec Xavier Dolan :

Après son film Ma vie avec John F. Donovan qui a reçu de nombreuses critiques, Xavier Dolan revient avec Matthias et Maxime, un film qu’il qualifie de « très québécois dans son ADN » et pour lequel il fait le choix de tourner avec sa propre bande. Il décrit d’ailleurs ce tournage comme « 48 jours de joie » un mélange d’osmose et de fraternité. Le fait de tourner avec ses meilleurs amis lui a permis de se rendre compte à quel point ils étaient également des artistes totaux.

Xavier Dolan incarne ici le personnage de Maxime. Il justifie ce choix par la discrétion du personnage : « Maxime est un personnage qui a une certaine pudeur, il est petit, alors que Matthias est grand » avant d’ajouter par la suite « je suis quelqu’un qui doute beaucoup », ce qui n’est pas sans rappeler la contradiction du personnage dans le film. Ce film ferait en fait presque référence à la vie de Xavier Dolan. Références qu’on retrouve également à travers le casting du film composé comme nous l’avons dit de ses meilleurs amis, mais également de plans qui correspondent à son Québec à lui et la façon dont il le perçoit.

Un film qui ferait donc écho à la vie de Xavier Dolan ? Le réalisateur garde toujours une certaine humilité lorsque l’on parle de ses œuvres. Il dit d’ailleurs avoir l’impression d’être un imposteur dans le milieu du cinéma. Même s’il a réussi à y faire sa place, il ne se sent pas légitime de donner des conseils. Un retrait et une discrétion qui nous poussent encore une fois à le rapprocher du personnage de Maxime

Mais ce film est avant tout une ode à l’amitié, à la famille que l’on choisit d’avoir. La famille est en effet le thème phare de la filmographie du réalisateur, notamment avec son premier long métrage « J’ai tué ma mère » ou encore « Juste la fin du monde ». C’est pourquoi ici le réalisateur explore un autre aspect des relations humaines : les relations amicales ainsi qu’amoureuses. Tout comme Xavier Dolan, Maxime choisit la famille la plus protectrice possible, ce qui est en décalage avec sa famille de sang : un frère absent, une mère dépressive, et un père dont nous ne savons rien. C’est également ce que représente la tache de vin de Maxime : un signe d’acceptation sans faille de la part de ses amis, malgré les grandes différences et mixité sociale entre les membres de la bande chacun accepte l’autre comme il est.

Par ailleurs, cet éclectisme est une sorte de portrait de la société Québécoise d’aujourd’hui. Comme le dit le réalisateur, « je vous parle de ce que je vois, mais je n’ai bien sûr pas le même Québec que d’autres ». De ces différences résultent des difficultés de compréhensions et de communication, causées par l’entrechoquement des générations, des langues, et des classes sociales. C’est en somme le problème de la relation entre Matthias et Maxime : comment communiquer à l’autre ce qu’on ressent, comment la dynamique d’un groupe d’amis peut être bouleversée à cause de non-dits…

L’avis d’Extérieur Nuit

L’avis de Camille : le film est, encore une fois, incroyablement beau. L’esthétique très travaillée permet au réalisateur de nous faire ressentir l’émotion des personnages : la mélancolie et la perdition grâce à des plans très sombres et des scènes aquatiques ; la sensualité par les grondements de l’orage… Pourtant, peut-être que certaines scènes auraient pu être coupées au montage afin de rendre le film un peu plus dynamique, sans en occulter le sens.

L’avis de Zoé : On reconnait bien l’univers tant apprécié de Dolan dans l’esthétique et dans la thématique du film. Ce film met une fois de plus en avant la psychologie des personnages ainsi que leurs caractères contradictoires, tout en gardant une certaine légèreté. Même si j’apprécie beaucoup tous ces aspects qui marquent la patte de Dolan, je pense que ses films manquent de renouveau sur le long terme.

L’avis de Marouchka : Dès les premières secondes, on reconnaît l’univers de Dolan et son esthétique singulière, tout est beau et poétique, magnifiquement filmé et orchestré… Ce film est d’ailleurs pour moi celui qui se rapproche le plus des Amours Imaginaires avec un univers tout autant teinté de lyrisme… A défaut d’échange de parole entre les personnages ce sont plutôt par les échanges de regards que ressortent des sentiments forts dans lesquels chaque spectateur pourrait se reconnaître. Ce film m’a donc tout naturellement touché, j’ai été emporté et bouleversée par sa beauté et sa vérité.

Camille Clot, Zoé Billard et Marouchka Alexandroff