Nombreux sont les réalisateurs ayant voulu représenter le monstre à travers leurs films. En ce mois d’Halloween, le monstre se voit populaire voire même ordinaire inspirant les peurs fébriles de chacun. De Dracula à King Kong, le cinéma représente souvent le monstre par des tournures mystifiées et loufoques, loin de la représentation du réalisateur Andrzej Zulawski.

 

Le réalisateur polonais, Andrzej Zulawski, est connu pour ses films aux personnages tourmentés et au scénario à interprétation. Possession, sorti en 1981, est vu comme son chef d’œuvre tant par l’incroyable performance d’Adjani dans le rôle d’une femme « possédée » que par la monstrueuse métaphore du pouvoir en place.

Zulawski détone par sa démystification du monstre : le monstre n’est pas toujours le mythe romanesque inaccessible, il fait partie du quotidien. Anna, interprétée par Adjani, est mère et mariée pourtant à la sortie du métro, elle devient bête, monstrueuse, extraordinaire : la quintessence de la folie. Non, le monstre n’est pas toujours habitant d’un vieux château, il vit parmi nous et côtoie les mêmes endroits que le plus banal des Hommes. Le monstre physique n’apparaît seulement qu’à la fin du film, Adjani en est la proie. Résultat du hasard humain, la folie sait se faufiler pour montrer sa physionomie sur un innocent.

 

Autre film, autre monstre : celui de la perdition.

Le film L’important c’est d’aimer de Zulawski, sorti en 1975, met en scène Romy Schneider interprétant Nadine, une jeune femme désillusionnée par le métier de comédienne qui s’adonne à des films pornographiques. C’est une vision d’un autre monstre : celui de l’Homme passionné en pleine perdition. Femme à l’intimité violée, Nadine porte en elle les écueils d’une passion brisée. Romy Schneider offre un portrait monstrueusement beau qui nous rappelle justement que l’abandon de soi est parfois nécessaire pour survivre. Zulawski nous montre, voire même nous avertit sur la destruction de soi : c’est l’agréable succès au prix de l’abnégation.

Comme la plus grande des beautés, le monstre ne crée qu’étonnement et fascination. Par la magie de l’aléatoire et la grande création du genre humain, la monstruosité se voit donner une diversité de formes et d’expressions si chère au cinéma.

 

Ecrit par Eros Mennetier 

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