« C’est l’histoire d’un Juif, d’un Afro-Américain et d’un vieil homme.
Après The Immigrant et Ad Astra, James Gray nous fait embarquer en direction de New-York, dans les années 80. Il se livre sur sa propre jeunesse, les événements qui l’ont marqué et les relations avec les différents membres de sa famille. Pour cela, il invente la famille Graff, famille Judaïque habitant dans un quartier résidentiel du Queens.
Le titre est tiré d’un morceau de Willie Williams, repris par le groupe The Clash en 1979 qui sublimera cette bande-originale reggae et funk, et également issu d’un discours de Ronald Reagan que l’on entend dans les premières scènes. La place de Reagan dans le film n’est pas uniquement présente pour rappeler l’année où se déroule celui-ci, on ressent l’envie du réalisateur de pointer du doigt cette élection qui est, pour l’Amérique, le commencement d’une montée en puissance des inégalités raciales dans le pays.
Dans Armageddon Time, nous suivons donc le jeune Paul Graff, interprété par un talentueux Banks Repeta, un jeune garçon qui a tout d’un passionné. Il ne souhaite pas imaginer un avenir dans un job de confort comme lui impose son père, Paul veut devenir un artiste, un peintre. Il tombe en amour avec l’art abstrait en observant une toile du pionnier de ce genre, M. Vassily Kandinsky, cet art ne peut que correspondre à ce personnage désinvolte et « différent ». Entre un père parfois violent, interprété par Jeremy Strong, et une mère oppressive de par son amour, joué par une très talentueuse Anne Hataway, Paul fait de son mieux pour évoluer dans ce foyer sans créer la zizanie. Il est en quête de gloire, de divertissement et de reconnaissance, il passe son temps à faire rire ses camarades en classe et c’est de cette façon qu’il va rencontrer son nouvel ami, Johnny.
Johnny est un afro-américain vivant avec sa grand-mère dans une forte précarité, il est présenté dans le film comme quelqu’un qui occupe son temps à collectionner les pins de la NASA et à subir la pression d’une Amérique raciste et divisée. Interprété par Jaylin Webb, le personnage est poignant, il accompagne Paul dans sa prise de conscience du monde et de la discrimination.
Anthony Hopkins est époustouflant dans ce film. Il endosse le rôle du grand-père de Paul, un grand-père très proche de son petit-fils, le seul qui puisse réellement échanger avec Paul car le seul qui conçoit les comportements et réactions du jeune garçon. La réalisation nous offre des très belles scènes de complicités entre les deux, particulièrement celle du lancement de la fusée, une scène incroyablement poétique. Son interprétation est irréprochable, il est réellement touchant, Hopkins arrive à dégager tant de bienveillance qu’on ne peut qu’être en amour avec le personnage.
Dieu merci, il ne propose pas à Paul des fèves au beurre et un Chianti. «