2019 nous a réservé de belles surprises cinématographiques. Cette semaine, nous revenons sur nos plus belles découvertes de l’année.
Trois films sont mis à l’honneur aujourd’hui :
Julien – Les Misérables – Ladj Ly
Le film Les misérables du réalisateur Ladj Ly est la plus belle surprise cinématographique à laquelle j’ai pu assister cette année. C’est un film coup de poing ouvrant les yeux sur les rapports de force qui régissent les zones de non-droit et vous tourmente après son visionnage.
On y suit Stéphane lors de son intégration dans une brigade de la B.A.C à Montfermeil, dans le 93. Lors d’une interpellation filmée d’un jeune garçon, Issa, une bavure policière est réalisée et vient briser l’équilibre fragile qui subsistait jusqu’ici.
La spécificité et l’intelligence des « misérables » réside dans le fait qu’il ne cherche pas un coupable, on ne tombe pas dans le schéma accusateur du mauvais flic oppresseur ou des banlieusards considérés comme de « la racaille » mais on se retrouve plongé dans une tension palpable permanente, celle que vivent quotidiennement les jeunes des banlieues. Cela questionne nos valeurs, comment peut-on laisser des enfants se construire dans cet environnement où les différents protagonistes de la cité profitent des tensions pour servir leurs intérêts personnels et où la police contourne la morale et les protocoles établis pour assurer l’ordre.
Je vous conseille d’aller voir ce film, il prend aux tripes, s’avère être fortement politique et polémique comme l’indique son titre évocateur « les misérables ». Il actualise avec réalisme en se dénuant de tout cliché le contexte des banlieues françaises et remet au goût du jour le débat de leur gestion.
Lucile – Le chant du loup -Antonin Baudry
Le Chant du Loup est l’un des films qui m’a le plus marqué cette année. Il nous plonge dans l’histoire de Chanteraide, « Oreille d’or » de la Marine Nationale. Grâce à son don qui lui permet de reconnaître tous les sons qu’il entend, il devient un élément essentiel lors des guerres acoustiques entre les sous-marins. Cependant, lorsqu’il commet une erreur qui met en danger ses camarades, il s’enfonce dans un engrenage qui aura de lourdes répercussions sur les conflits mondiaux.
C’est le premier long-métrage d’Antonin Baudry et il sonne terriblement juste. Le réalisateur a lui-même participé à plusieurs missions à bord de sous-marins afin d’être au plus proche du réel et éviter les clichés véhiculés par les autres films. Son expérience de diplomate est également au service du réalisme des procédures et des rapports de force dans le film. Le casting de folie avec François Civil, Omar Sy, Reda Kateb et Mathieu Kassovitz donne une nouvelle dimension au film.
Alors que le suspense est haletant dès la scène d’intro, il ne fera qu’augmenter nous laissant à bout de souffle à la fin du film. On est véritablement immergé sous la mer au cœur des conflits, où le moindre son peut annoncer aussi bien un ennemi qu’un simple cachalot. Le film nous questionne en même temps sur la part qu’il faut faire entre le respect des procédures d’un côté et les sentiments personnels et l’instinct de l’autre, particulièrement dans une situation de crise.
Le Chant du Loup est dispo sur Canal en ce moment alors foncez le voir !
Bastien – A couteaux tirés – Rian Johnson
Venez découvrir une immense partie de Cluedo … c’est la proposition de Rian Johnson pour son nouveau film, A couteaux tirés. Et pour tout vous dire : j’ai adoré ! Si bien que j’y suis retourné une seconde fois.
Pourtant, à première vue, le scénario ne semble pas très original : au lendemain de son 85ème anniversaire, Harlan Thrombey, un riche patriarche est retrouvé mort la gorge tranchée. Bien que tout laisse croire à un suicide, le détective privé Benoit Blanc commence à suspecter un meurtre au sein des proches, une famille dans laquelle règne hypocrisie, mensonge et histoire d’héritage. Jusqu’au nom du détective, tout le synopsis semble sorti de la tête d’Agatha Christie … nous voilà avec une énième tentative d’imitation ?! Loin de là !
En effet, Rian Johnson réutilise les codes de la romancière mais il les détourne pour nous prendre à contrepied. Tout d’abord, il a l’idée géniale de créer un personnage atteint d’une maladie l’empêchant de mentir… situation cocasse pour une infirmière au courant de tous les petits secrets familiaux et suspecte par surcroît ! Puis, dès la première demie-heure, il nous offre sur un plateau le nom du meurtrier et les causes de la mort de Harlan Thrombey ! Le spectateur prend alors un temps d’avance sur l’enquête, une inversion de position étonnante et habilement menée par le réalisateur, qui réussit tout de même à nous tenir en haleine jusqu’au dénouement.
Le film est porté par un casting de haut vol : Daniel Craig (James Bond), Chris Evans (Captain America), Katherine Langford (13 Reasons Why), etc… Mais c’est la jeune Anade Armas qui épate. D’une grande beauté, elle livre une prestation pleine d’émotion et de subtilité. Elle sera d’ailleurs à retrouver dans le prochain James Bond : Mourir peut attendre ainsi que dans Cuban Network d’Olivier Assayas. Ce dernier nous avait d’ailleurs conseillé, lors d’une interview, de garder un oeil sur elle… Pas de panique, j’ai gardé les deux ! Trève de plaisanterie.
D’après moi, la réussite est complète puisque le film propose une identité visuelle particulière, jouant sur le décor théâtral d’un manoir extravagant ainsi qu’une bande son de qualité et un montage aux nombreux flashbacks maîtrisés. Pour les jeunes et les moins jeunes, seul ou en bonne compagnie, le film est un régal, une parenthèse pittoresque pendant laquelle le temps s’arrête ! A voir tant qu’il est en salles !