You can’t escape, you can’t stop it, you can’t kill it.

Cette phrase, qui résumerait à merveille It Follows, est tiré d’un court métrage
de Richard Gale intitulé Le Meurtrier terriblement lent à l’arme extrêmement
inefficace. Au programme, la mort à petit feu d’un mec poursuivi par un monstre
n’arrêtant jamais de le taper à coups de cuillères.
It follows, c’est la mort programmée de Jay, l’héroïne, qui, après une relation
sexuelle, se voit poursuivie par un monstre, prenant toutes sortes de formes humaines,
et n’arrêtant jamais de la poursuivre.

It follows, c’est la mort programmée de Jay, l’héroïne, qui, après une relation
sexuelle, se voit poursuivie par un monstre, prenant toutes sortes de formes humaines,
et n’arrêtant jamais de la poursuivre.

« It follows est né d’une série de cauchemars que je faisais lorsque j’avais 9-10 ans.
Et dans ces cauchemars, j’étais toujours poursuivi par quelque chose ou quelqu’un. Cette
chose est visible, au loin. Et ceux qui figuraient dans mon cauchemar ne la voyaient pas. Je
me souviens qu’il était assez facile de s’échapper des lieux […].
Mais ça ne servait à rien de courir ou de s’échapper, lorsque je me retournais et que
je regardais, l’entité était toujours là, à me poursuivre, avançant lentement pour
m’attraper. Il y avait comme une malédiction. J’imaginais alors qu’elle m’attrapait, qu’elle
me tuait.
Une fois adulte, j’ai repensé à ces cauchemars, j’ai extrapolé et commencé à ajouter
les thèmes sexuels que l’on voit dans le film. Je pense que la période où l’on découvre sa
sexualité peut être effrayante. On est alors traversé par toutes sortes d’angoisses. »
David Robert Mitchell

Splendide visuellement, It Follows capture la terreur d’une fatalité inéluctable à
l’aide de panoramiques à 360 degrés. Peut-importe la forme prise, « It » est effrayant à
plus d’un titre. Mais est-ce tout ? Peut-on résumer ce chef-d’œuvre à un simple film
d’horreur ?
Il y a plusieurs niveaux de lecture analytique qui sont à engager. Tout d’abord, le
fil conducteur est bien la sexualité. It follows reprend un concept freudien : le complexe d’Œdipe. C’est sous la forme de son père qu’ « It » apparaît à Jay et sous la forme de sa
mère qu’« It » apparaît à Greg. Il y a quelque chose d’assez profond sur le rapport
parents/enfants/sexualité. Les adultes ne veulent pas savoir et les enfants font tout pour
séparer ce monde de leur rapport au sexe (« il ne faut pas le dire à maman »).

Ensuite, It follows est un film sur l’inquiétante étrangeté, gros concept psychanalytique freudien. Mitchell trouvant l’art de filmer tous les bâtiments, toutes les maisons, comme autant de lieux hantés (parking abandonné où les arbres frissonnent, cabane au bord de la mer, piscine déserte…). Plus encore, qui saurait dire à quelle époque le film se déroule ? Le film est rempli d’anachronismes : films à la TV en N&B, cuisine de Jay décorée selon les années 1970, cuisine de Greg high tech (machine à glaçons dans la porte du frigo), vêtements des années 1950, voitures modernes des
années 2000 ainsi qu’anciennes voitures… Mystère non résolu tout comme l’époque de
l’année ? Sommes-nous au printemps, en été, en automne ou en hiver ? Jay se baigne
dans sa piscine (été), Jay et Kelly se promènent dans la rue avec des gros manteaux
(hiver)…

La fin très étrange peut-être vue de façon réactionnaire : on ne survit que dans
une relation maritale (ils se tiennent la main et font face ensemble au danger que
présente leur sexualité). La sexualité est un virus qui pour être maitrisé engage une
reconnaissance sociale qui évidemment ici prend la forme du couple.

It follows réussit là où beaucoup échouent : Mitchell arrive à nous mettre dans le
même état que l’héroïne, dans cette attente paranoïaque que « It », cette chose, ce
monstre, apparaisse, jusqu’à ce plan final, subtilement malsain, où l’on passe de chassé à
chasseur.

Almog

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