Synopsis

Henri est en pleine crise de la cinquantaine, écrivain paumé échoué dans le pays basque, toute est la faute de sa famille. Une envie ? Se débarrasser d’eux tous pour se délecter enfin de la solitude. Pourtant, l’arrivée inattendue d’un chien tout aussi répugnant qu’insupportable va bouleverser la vie d’Henri…

Entretien avec Yvan Attal et Charlotte Gainsbourg

L’entretien avec Yvan Attal et Charlotte Gainsbourg s’est déroulé avec beaucoup d’humour. Le réalisateur répondait avec ironie aux questions posées. Il nous déconseille par exemple de tourner avec un chien sur un plateau : « C’est bête, c’est chiant, ça n’a aucun intérêt » plaisante-t-il.

Mon Chien Stupide est l’adaptation du roman éponyme de John Fante paru en 1985; Yvan Attal a donc dû faire des choix d’adaptation. Par exemple, Cécile, la femme du protagoniste, est pratiquement inexistante dans le livre. Le personnage n’était pas développé, son rôle se limitait à celui de la femme et de la mère de famille (comme il était d’usage en 1985…). Dans le film, Cécile (interprétée par Charlotte Gainsbourg, épouse d’Yvan Attal) a plus de profondeur, elle prend plus de place.

Nous apprenons lors de l’entretien que Claude Berri avait proposé à Yvan Attal de réaliser ce film il y a 20ans, mais qu’à l’époque il ne saisissait pas bien le sentiment d’exténuation du personnage, un sentiment inhérent à la crise de la cinquantaine ! Il ne se sentait pas en phase avec ce côté « vieux con ».  Or, 20 ans plus tard, Yvan Attal s’est identifié à cet écrivain perdu, usé. Cela l’a amusé de traiter cette histoire : ici, l’enfer, c’est la famille.

Pour le réalisateur, il y a donc effectivement une part autobiographique dans le film, mais qui est selon lui assez universelle : oui, quand les enfants grandissent, c’est vrai que les parents ont hâte qu’ils partent de la maison pour retrouver un moment de tranquillité. Oui, on ne choisit pas sa famille et on doit vivre avec. Henri dit d’ailleurs à sa femme « toi au moins je t’ai choisi » un ton cruel pour sous-entendre que ses enfants, eux, il ne les a pas choisis. Ce film, c’est une manière pour Yvan Attal de dire à sa famille que même si des fois il n’en peut plus et aimerait se retrouver seul, il les aime.

Ces sujets sont bien sûr traités avec beaucoup d’humour et de cynisme, ils ont un côté politiquement incorrect qui plait beaucoup au réalisateur. Ici, le personnage d’Henri fait preuve de mauvaise foi ultime, toute la faute est d’emblée reportée sur ses enfants : s’il n’arrive plus à écrire c’est forcément à cause d’eux. Pourtant si ses enfants sont si grossiers et lui parlent si mal c’est parce qu’ils ne sont que le reflet de leur propre père qui justement leur parle mal. Yvan Attal parle d’ailleurs de ce personnage comme d’un « con arrogant » qui en veut à tout le monde.

C’est dans ce contexte familial qu’une nuit arrive le chien, Stupide. Ce chien est la représentation de la crise de la cinquantaine du personnage : il est incontrôlable, il se bagarre et gagne à chaque fois ; alors que son maitre, lui, perd tout. Il est la source de la remise en question du personnage. C’est vers cinquante ans que l’on réalise que l’on n’est plus aussi « flambeur », moins vaillant, ainsi « ce chien c’est toutes les femmes, les voitures que je n’aurais plus… » ironise le personnage d’Henri.

L’avis d’Extérieur Nuit

Mon chien stupide est un film atypique, dans le sens ou ce sujet de crise de la cinquantaine n’est pas souvent traité au cinéma. Le personnage principal est un anti-héros, un « vieux con » qu’on n’arrive pas à détester puisqu’un sentiment d’empathie s’installe malgré tout. Charlotte Gainsbourg est sublime et joue encore une fois son rôle à la perfection dans la peau d’une mère alcoolique dépressive qui remet en question ses choix de vies…Néanmoins, étant encore un peu loin de la cinquantaine, peut-être que ce sujet nous parlera plus dans 30 ans…

Camille Clot & Marouchka Alexandroff