SYNOPSIS :

Maud Crayon, architecte, remporte sur un énorme malentendu le grand concours lancé par la mairie de Paris pour réaménager le parvis de Notre-Dame… N’arrivant pas à s’imposer en raison de ce sentiment d’imposture, son projet d’aménagement en fait dicté par l’imaginaire des hommes va bientôt faire l’objet de tous les scandales

ENTRETIEN AVEC VALERIE DONZELLI :

Notre dame rend hommage à Paris et à ce monument iconique. Coïncidence presque surréaliste, c’est le dernier jour du tournage du film que l’équipe apprend le tragique incendie de la cathédrale, la réalisatrice parle alors d’une déchirure face à cette nouvelle encore plus dévastatrice après avoir fait un film au cœur du sujet. Après l’incendie, Valérie Donzelli a eu très peur pour son film, inquiète que le titre apparaisse comme opportuniste après une telle tragédie. Aussi surprenant cela soit-il, Valérie Donzelli est d’ailleurs la première réalisatrice à avoir tourné dans Notre-Dame, comme si personne n’avait jamais osé s’introduire dans l’intimité du lieu auparavant.

Le film ayant été tourné après les attentats de Paris, Valérie Donzelli dit avoir voulu montrer cet avant et après 2015 avec un Paris qui bascule dans une autre dimension, même les bruits ont changé avec des sirènes incessantes, c’est un fait, la ville est malheureusement devenue beaucoup plus dure qu’avant avec de plus un contexte économique et climatique tout simplement catastrophique. Face à ce bilan déplorable, Valérie Donzelli s’est amusée à peindre une ville où les habitants se donnent littéralement des baffes à tout bout de champs comme une envie de raconter avec ironie le monde tel qu’on le vit aujourd’hui

Le titre “Notre dame” sans le D majuscule implique de fait que le film est également un hommage aux femmes, en effet ce film pétillant et moderne place les femmes comme les leaders de la situation avec une Maud Crayon entrepreneuse et inarrêtable, ici c’est Madame qui porte la culotte au sein du foyer familial. Notre dame apparaît alors indéniablement comme une façon pour la réalisatrice de faire écho à Me Too et rendre ainsi hommage aux actrices mais surtout à la femme en général.

A travers son œuvre Valérie Donzelli s’amuse à rompre avec les préjugés et à offrir une vision moderne de la femme forte et indépendante, elle décrit cette sorte de cliché de la femme enceinte qui deviendrait comme obsédée naturellement par sa grossesse et sa progéniture, s’arrêtant ainsi de vivre et changeant ses habitudes du jour au lendemain. Mais ici, Maud Crayon ne se laisse point perturber par cet heureux événement, rien ne l’arrête et sa carrière s’accélère justement avec la grossesse.

Maud Crayon est architecte, un métier qui n’est pas le fruit du hasard puisque la réalisatrice en évoque les similitudes avec le métier de cinéaste : un métier dominé par les hommes où de gros budgets sont en jeu. Le scandale auquel fait face Maud Crayon est d’ailleurs un clin d’œil à l’histoire de l’art et à l’architecture, aujourd’hui des monuments sont encensés alors qu’un grand nombre d’entre eux n’ont bien failli ne jamais voir le jour, on pense notamment à la Tour Eiffel avec le pamphlet de protestation des artistes notamment signé par Emile Zola et Guy de Maupassant qui décrivaient à l’époque « l’ombre odieuse de l’odieuse colonne de tôle boulonnée… ». Ces scandales de l’architecture, Valérie Donzelli s’en amuse en écrivant le projet fou de réaménager le parvis de la cathédrale avec une forme phallique, bientôt l’objet de contestations mondiales.

L’avis de Marouchka

Valérie Donzelli est une femme très inspirante dont l’engagement et la mentalité se reflète à travers le film. Cette comédie très « pop » aux couleurs criantes et à l’univers presque burlesque apparaît comme un pétillant conte de Noël. Le duo Valérie Donzelli Pierre Deladonchamps est romantique à souhait et les touches musicales et chorégraphiques nous emportent dans un univers très Jacques Demy. En conclusion je ne peux que vous recommander ce film actuel et féministe qui peint le monde d’aujourd’hui et les enjeux de la société avec une grande poésie.

Marouchka Alexandroff