Le cinéma est devenu un terrain miné ! Les politiques se sont emparés de la culture et, ni la Justice League, ni les Avengers, ne pourront les contrer. Mais le cinéphile est malin et il a su s’adapter, troquant par nécessité le fauteuil en velours et la salle obscure pour une chambre mal rangée et un ordi cradingue. Oui le cinéma va mal, mais le cinéma résiste ! Plus que jamais, il doit être un exutoire d’émotions, c’est pourquoi les fines plumes d’Extérieur Nuit vont vous réchauffer le cœur avec leurs 10 pépites de 2020, à n’absolument pas manquer !
Préambule de Bastien Echard
GAETAN CHENUS
Encore une belle année pour le cinéma. Malgré la fermeture des salles en fin d’année, on a eu droit à du grand spectacle : l’excellent 1917 de Sam Mendes a marqué les esprits en début d’année. Boudé par les Oscars, c’est pourtant un film qui pourrait rester dans l’Histoire par sa construction ambitieuse et réussie. Par ailleurs, Christopher Nolan n’a pas déçu avec l’impressionnant Tenet. Un film puissant et ingénieux dans la continuité de sa filmographie. Certains seront déçus de ne rien comprendre, mais on profite largement du grand spectacle et les acteurs sont très bons (ça promet pour le Batman incarné par Robert Pattinson !).
Mais la grosse surprise de l’année est sûrement Jojo Rabbit. Taika Waititi livre un grand film, souvent drôle dans une Allemagne nazie improbable. Pourtant, le film est avant tout profondément émouvant et va au-delà d’une simple comédie sur Hitler. C’est une vraie réflexion sur l’enfance. Scarlett Johansson démontre une fois de plus qu’elle est une grande actrice (si vous doutiez de sa prestation dans Marriage Story ou Her).
Le cinéma français n’est pas en reste avec le retour d’Albert Dupontel, livrant Adieu les cons, un film qui fait autant rire que pleurer. Si le film est parfois bancal dans la forme, le fond est profondément sincère et démontre toute l’intelligence du réalisateur. On notera aussi plusieurs surprises : Felicità de Bruno Merle et Énorme de Sophie Letourneur. Deux comédies loufoques et étonnantes, trop rares dans le cinéma français d’aujourd’hui. Ça fait du bien. De même, une surprise européenne avec Jumbo de Zoé Wittock. Une histoire merveilleuse entre une jeune femme qui développe peu à peu des sentiments étranges envers une attraction dans le parc dans lequel elle travaille. Avec Noémie Merlant, révélée dans Le Portrait de la jeune fille en feu.
Malgré le confinement, le cinéma est resté actif grâce aux plateformes. Netflix a ponctué l’année avec de belles surprises comme Une Ode Américaine de Ron Howard, un film miroir sur la misère avec une famille qui se déchire. De grands acteurs y livrent une prestation extraordinaire : Glenn Close et Amy Adams sont méconnaissables. De plus, Uncut Gems des frères Safdie nous plonge pendant 2h dans une ambiance new-yorkaise de juifs joailliers. Une réussite tant sur les décors, le rythme que le jeu d’acteurs. Adam Sandler est parfait.
Amazon Prime n’est pas en reste, avec des pépites comme l’excellent Troop Zero de Bert & Bertie, racontant l’histoire d’une petite fille amoureuse des étoiles qui intègre un groupe de scouts pour enregistrer une chanson à envoyer dans l’espace. Avec la jeune et talentueuse Mckenna Grace, révélée dans Moi, Tonya. On notera aussi The Vast of Night de Andrew Patterson, une ode aux années 1950 avec une réalisation soignée et un scénario rendant hommage à la 4e dimension.
Enfin, l’émouvant Uncle Frank de Alan Ball est cruel de vérité sur les homosexuels durant les années 1970. Sophia Lillis crève l’écran et la réalisation est fabuleuse.
On ne pourrait pas finir sans évoquer Clint Eastwood, toujours aussi productif et habile malgré son âge : Le Cas Richard Jewell est une réussite et révèle l’acteur Paul Walter Hauser (qu’on avait déjà aperçu dans le superbe Moi, Tonya et l’excellent BlacKkKlansman).
- Tenet de Christopher Nolan
- 1917 de Sam Mendes
- Jojo Rabbit de Taika Waititi
- Troop Zéro de Bert & Bertie
- Adieu les cons d’Albert Dupontel
- Uncle Frank de Alan Ball
- Une ode américaine de Ron Howard
- Uncut Gems de Joshua et Ben Safdie
- Felicità de Bruno Merle
- Le Cas Richard Jowell de Clint Eastwood
JUSTINE MOREL
Cette année, je crois que j’ai voulu m’évader de la réalité un peu morose de notre quotidien, que ce soit en me plongeant dans l’innocence de l’année 85 ou même dans la brutalité de la Grande Guerre. Tout était bon pour découvrir depuis mon canapé ce que j’aurais voulu vivre dans un fauteuil de cinéma. Avec le cinéma de 2020, j’ai arpenté l’histoire et découvert de nouvelles cultures. Je me suis attachée aux époques, personnages et pays, et j’ai partagé leurs peines, bonheurs et histoires.
La plupart de mes films préférés de 2020 sont des thrillers politiques ou des drames historiques qui portent tous en eux une intention commune : continuer à défendre ce que le cinéma soutient depuis ses débuts. C’est par exemple la liberté d’expression, notamment dans A l’Ombre de Staline ou The Trial of the Chicago 7, ou encore l’absurdité de la guerre dans 1917, Petit Pays ou Jojo Rabbit.
Mais le cinéma de 2020 s’est aussi évertué à défendre une cause assez récente dans son histoire : celle des femmes. La Bonne Epouse et Les Filles du Docteur March mettent en avant l’absurdité de la soi-disant place d’une femme dans la société et montrent que c’est en s’émancipant de toutes ces règles qu’une femme peut réellement montrer qu’elle est tout autant capable qu’un homme.
J’ai aimé The Gentlemen et Lucky Strike non pas pour les scénarios, même si la puissance des dialogues et la maîtrise des flash-backs étaient incroyables, mais plutôt pour toute l’esthétique développée autour : les jeux de lumière, les décors ou encore la colorimétrie.
En parlant de couleurs, laissez-moi vous parler du film qui m’a le plus marquée cette année. Entre intelligence du message et esthétique poignante, en passant par des jeux d’acteur et un travail de réalisation magnifique, je vous présente Eté 85. Pour moi, Eté 85 c’est tout simplement la jeunesse insouciante que j’aurais voulu vivre cette année. Ce film m’a fait rire, pleurer et danser le temps d’une séance de ciné.
- Été 85 de François Ozon
- 1917 de Sam Mendes
- L’ombre de Staline de Agnieszka Holland
- Jojo Rabbit Taika Waititi
- Lucky Strike de Kim Yonghoon
- Petit Pays de Éric Barbier
- Les filles du docteur March de Greta Gerwig
- The Gentlemen de Guy Ritchie
- La Bonne Épouse de Martin Provost
- The Trial of the Chicago 7 d’Aaron Sorkin