Adulé ou détesté, l’acteur-réalisateur Xavier Dolan ne laisse personne indifférent. A l’occasion de la sortie The Death and Life of John F. Donovan, nous revenons sur son parcours surprenant et sa personnalité atypique.
La signature Dolan
Xavier Dolan travaille sur des sujets qui lui tiennent à cœur, il n’hésite pas à dévoiler son intimité et son point de vue sur la vie. Il y a donc des thématiques récurrentes dans sa filmographie : l’homosexualité, la maternité (notamment la violence des relations mère/ fils), les conflits familiaux, les drogues… le tout dans un milieu populaire que X. Dolan a reconnu comme étant le sien. En traitant de sujets qui le touchent de près, le réalisateur a le don de créer et tourner des films exceptionnellement justes sur des instants banals. D’origine québécoise, il tient beaucoup à ses racines. Il tourne ses cinq premiers films au Québec, l’accent rajoutant à l’authenticité de sa filmographie. Même Juste la fin du monde, interprété par des acteurs français, est écrit, tourné et monté à Montréal.
Le roi du silence
Ses œuvres ont toutes un point commun : l’échec de la communication, la difficulté à se parler et à se comprendre. Parfois, il met son propos en exergue en plaçant les protagonistes en huit clos tel un dramaturge qui met en scène le quotidien. Ses personnages, bien que très singuliers, interprètent des pulsions, émotions et vices universels. Pour plus d’authenticité, il façonne les rôles qu’il conçoit en fonction des comédiens qu’il choisit. En tant que directeur d’acteurs, il va au-delà du conseil et travaille avec une méthode atypique : il montre à ses acteurs sa façon de concevoir la scène en la jouant d’abord. Il collabore plusieurs fois avec ses comédiens fétiches comme Anne Dorval ou Nathalie Baye. X. Dolan est exigeant envers ses collaborateurs, mais cela se justifie par sa volonté de justesse dans des scènes aux dialogues décousus.
Quand on aime, on ne compte pas !
Xavier Dolan ne s’arrête jamais et enchaîne les projets. Il s’impose un rythme intenable et déclare lui-même « ne pas avoir de vie ». Il réalise près d’un film par an depuis la sortie de J’ai tué ma mère en 2009. Cela ne l’empêche pas de produire des œuvres reconnues et à la hauteur de ses ambitions. Celui qui criait « on ira à Cannes ! » lors de son premier tournage a réussi son pari : J’ai tué ma mère est diffusé lors de la 41ème quinzaine des réalisateurs. A l’affût du moindre détail, il est désormais connu comme un réalisateur perfectionniste qui n’hésite pas à refaire une scène de nombreuses fois. Il n’est d’ailleurs pas que réalisateur : il monte aussi tous ses films et s’occupe de la bande-son. Il a donc toutes les cartes en main pour recréer à l’identique l’image qu’il visualise dans son esprit. Son travail est d’autant plus impressionnant que c’est un autodidacte complet.
Enfant chéri du Festival de Cannes
Nombreux sont les acteurs-réalisateurs talentueux incompris par le Festival de Cannes. Xavier Dolan n’en fait pas partie. Après la standing ovation de 12 minutes pour J’ai tué ma mère lors de la 41ème Quinzaine des réalisateurs, plusieurs de ses œuvres ont été diffusées et récompensées par le festival à la palme d’or. Les Amours imaginaires reçoit le prix de la jeunesse en 2010, Laurence Anyways est sélectionné dans la catégorie « Un certain regard » en 2012, Mommy reçoit le Prix du jury en 2014 et Juste la fin du monde se voit attribué le Grand prix en 2016. Plus que la reconnaissance de son travail, le Festival de Cannes est pour lui un lieu « formidable et humain où il est possible de faire de nombreuses rencontres ».
Le virage Juste la fin du Monde
Juste la fin du monde, avec entre autres Gaspard Ulliel, Vincent Cassel et Nathalie Baye, est une rupture dans la filmographie de l’artiste. En effet, si certaines de ses thématiques fétiches sont revisitées, la direction artistique de Xavier Dolan évolue. Connu pour écrire lui-même ses scénarios, il choisit d’abord de réaliser une adaptation cinématographique de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce. De plus, il dirige cette fois-ci un casting de grands noms du cinéma français. Mais Xavier Dolan reste un marginal : il propose à ses acteurs des rôles en opposition totale avec ceux que l’industrie a l’habitude de leur proposer. Le film est raillé par la critique américaine, ce qui contrarie fortement le réalisateur, qui a l’habitude de prendre en compte les retours pour s’améliorer. Lorsque le film reçoit le Grand prix en 2016, l’artiste, bouleversé, déclare : « Tout ce qu’on fait dans la vie, on le fait pour être aimé (…) pour être accepté ». Dès lors, X. Dolan s’affranchit progressivement de la critique et répond aux journaux américains « qu’ils ne l’ont pas compris ». Désormais, il croira seul en ce qu’il fait.
Le grand saut américain
Aux côtés des célèbres Kit Harington, Jessica Chastaing et Natalie Portman, Xavier Dolan réalise son premier film américain : The Death and Life of John. F. Donovan. En attendant, une chose est sûre, celui qui dit vouloir redevenir acteur est désormais une personnalité incontournable du 7ème art.
Clotilde